CyclOpe 2024

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Attendre et espérer"

Publication du Rapport

Cyclope 2024

14 Mai 2024 - Paris

CyclOpe 2023

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Les cavaliers de l'Apocalypse"

Publication du Rapport

Cyclope 2023

23 Mai 2023 - Paris

CyclOpe 2022

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Le monde d'hier »

Publication du Rapport

Cyclope 2022

8 Juin 2022 - Paris

CyclOpe 2021

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Cette obscure clarté qui

tombe des étoiles »

Publication du Rapport

Cyclope 2021

26 Mai 2021 - Paris

 

CyclOpe 2020

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Allegoria ed effetti
del Cattivo Governo -Ambrogio Lorenzetti 
»

Publication du Rapport

Cyclope 2020

09 juin 2020 - Paris

CyclOpe 2019

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Les illusions perdues »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2019

15 mai 2019- Paris

CyclOpe 2018

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Le ciel rayonne, la terre jubile »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2018

16 mai 2018 - Paris

CyclOpe 2017

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Vent d'Est, Vent d'Ouest »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2017

15 mai 2017 - Paris

CyclOpe 2016

 

LES MARCHES MONDIAUX

« A la recherche des sommets perdus »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2016

24 mai 2016 - Paris

CyclOpe 2015

LES MARCHES MONDIAUX

Pour qui sonne le glas ?

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2015

20 mai 2015 - Paris

CyclOpe 2014

LES MARCHES MONDIAUX

Dans le rêve du Pavillon Rouge

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2014

14 mai 2014 - Paris

1er avril

 

Il y a probablement une Kruppstrasse à Essen dans la Ruhr, mais il y a aussi une « via Krupp » à Capri. À la fin du XIXe siècle, un Krupp fit en effet construire un long escalier au flanc de la falaise reliant Capri à l’un des petits ports de l’île, Marina Piccola. Cette via Krupp est une illustration de l’attirance qu’allemands – et aussi scandinaves et britanniques – éprouvèrent au XIXe siècle pour les paysages de l’Italie méridionale. En pleine époque du « Sturm und Drang », artistes et écrivains allemands arpentèrent le sud de l’Italie à l’image de Goethe qui fait dire à Mignon « Kennst du das land wo die Zitronen blühen, im dun klen laub die Goldorangen glühan » (connais-tu le pays où poussent les citronniers et où brillent les orangers d’or). Goethe avait fait le voyage d’Italie de 1786 à 1788, mais se sont ces héritiers spirituels qui rebâtirent Capri sur les ruines des grandes villes impériales, celles d’Auguste et de Tibère. Plus récemment, ce fut le suédois Axel Münthe, l’auteur du célèbre livre de la San Michelle qui approfondit le rêve des Européens du Nord pour une Italie « de carte postale » à mille lieues d’un royaume de Naples qui s’enfonçait dans l’obscurantisme et la décadence. C’est à Capri que l’on est peut-être le plus à même de comprendre le romantisme allemand.

 

 

3 avril

 

De retour en France, on ne peut échapper à « l’affaire Cahuzac », les aveux de l’ancien ministre du Budget qui a donc menti pendant de longs mois à propos de son « compte en Suisse ».

Il avait donc menti et pendant de longues semaines il a affirmé ne pas détenir de compte en Suisse, ce qui était d’ailleurs techniquement vrai puisque les fonds avaient été transférés à Singapour… Pire même, cet argent ne provenait pas que d’innocentes opérations de chirurgie capillaire, mais de « conseils » donnés à des laboratoires pharmaceutiques par l’ancien membre du cabinet du ministre de la Santé. La coupe est pleine et tous les « bien pensants » accablent le menteur, le corrompu, le prévaricateur.

Qu’ils se gardent cependant d’en faire trop, car parmi les plus prompts à l’indignation, ils sont nombreux ceux qui ont mélangé mandats publics et activités privées dans leurs cabinets d’avocat notamment.

Cahuzac est coupable; il est la figure du traître, mais plutôt que de l’accabler, ne vaudrait-il pas mieux faire comme le Christ, devant la femme adultère, qui préfère dessiner dans le sable avant de demander à la femme « Ou sont ceux qui t’accusent ? »

 

 

5 avril

 

La tempête souffle sur la classe politique française. Le masque hiératique de François Hollande ne peut cacher le désarroi d’un gouvernement aux abois. Après l’affaire Cahuzac, ce sont les sociétés aux Îles Caïmans du trésorier de campagne du candidat socialiste qui font la une de l’actualité. Les sondages ne peuvent que constater la chute des côtes de popularité de ceux qui gouvernent aujourd’hui la France. Dix mois après l’élection présidentielle, l’échec est patent et les « affaires » n’en sont au fond qu’un épiphénomène. Car c’est le bilan même du gouvernement qui est en jeu. Il serait injuste certes de lui imputer la croissance zéro qui entraîne mécaniquement la hausse du chômage : la France n’est là qu’un morceau de l’Europe même si elle en est le maillon presque le plus faible. Ce que jugent les Français, c’est l’incapacité à faire bouger les lignes au-delà de réformes de société qui divisent plus qu’elles ne rassemblent. Subtil équilibre de tendances politiques souvent contradictoires, le gouvernement en est réduit à pratiquer une curieuse danse dont les pas s’annulent et s’entrecroisent sans que le maître de ballet donne l’impression d’avoir en tête quelque chorégraphie que ce soit. Le problème est en effet celui du maître de ballet. N’est pas François Mitterrand qui veut !

 

 

8 Avril

 

Alors même que pendant mon cours d’histoire économique de Dauphine je racontais à mes étudiants la décennie quatre vingt que je baptise « années Thatcher, Reagan, Mitterrand », voila la dernière survivante de cette époque, Margaret Thatcher qui disparait.

Elle a joué un rôle fondamental dans la transition des politiques économiques de la fin des années soixante dix. Le monde occidental était alors en pleine stagflation. Les dépenses publiques augmentaient sans pour autant assurer une relance véritable des économies. Les recettes Keynésiennes avaient certes permis de limiter les effets de la crise, elles ne pouvaient l’enrayer.

Margaret Thatcher avait lu Hayek et avait suivi l’expérience des Chicago boys dans le Chili de Pinochet. Elle choisit de casser le système britannique  hérité du rapport Beveridge de 1942. Elle le fit avec violence et sans nuances et elle eut quand même la chance d’abord de pouvoir jouer la carte des privatisations (British Telecom dès 1984) puis de disposer de la manne pétrolière de la Mer du Nord.

Elle sut aussi redonner quelque orgueil aux britanniques et commença à Bruxelles une guérilla d’une rare efficacité qui fit dire à François Mitterrand qu’elle était à l’origine de la nouvelle Europe libérale de la fin de siècle. Beaucoup mieux que François Mitterrand elle comprit ce qui se passait à l’Est et sut être du bon côté au moment de la chute du communisme. Une « grande dame » indeed.

 

 

10 Avril

 

Il y a un côté »bisounours » dans le microcosme politique français au lendemain de l’affaire Cahuzac.

Tout d’abord on semble découvrir les paradis fiscaux alors que nous sommes nombreux à en fustiger

l’existence depuis de nombreuses années et à remarquer qu’il n’est pas nécessaire d’aller aux Iles Caïmans et qu’il suffit de pousser la porte de Monaco ou de l’Andorre et chez les britanniques de Jersey ou de Gibraltar. Les paradis fiscaux – et surtout réglementaires – sont un chancre pour l’économie mondiale mais sur ce point la faiblesse de la gouvernance internationale est totale et les marges de manœuvre d’un état isolé sont bien faibles. C’est au niveau européen qu’il faudrait agir mais cela parait bien peu imaginable.

Il faut ensuite « moraliser » la vie politique dans ses rapports à l’argent. L’homme politique doit être pauvre et surtout ne pas payer l’ ISF. Il ne doit vivre que de ses émoluments publics sans bien sûr le moindre cumul des mandats. Fort bien et somme toute assez logique mais à ce petit jeu le risque est grand d’entretenir le syndrome de « Tous pourris ». De la transparence à la délation, il n’y a qu’un pas qui fut allégrement franchi dans les années trente avec les conséquences que l’on sait. N’est pas bisounours qui veut …

 

 

11 Avril

 

La terre se réchauffe-t-elle ou non ? A Aix en Provence, sur les terres de Claude Allègre, la controverse faisait rage entre membres du GIEC et « climato sceptiques ». Les fleurets n’étaient guère mouchetés et entre membres de l’Académie des Sciences et professeurs émérites les accusations de malhonnêteté intellectuelle émaillaient les exposés scientifiques.

Depuis son prix Nobel, le GIEC bénéficie d’un statut particulier et il n’est guère politiquement correct de contester ses travaux même  si ceux ci ne sont pas entourés de toute la transparence requise. Or il semble bien que la célèbre « crosse de hockey » qui représente l’évolution des températures de la planète depuis un millénaire soit, depuis une dizaine d’années, de moins en moins convaincantes. Or la question est capitale : le réchauffement constaté sur les trente dernières années correspond-il à une évolution « normale » des températures liées par exemple au cycle du soleil, ou bien est-il le seul fruit de l’activité humaine.

J’avoue être sorti perplexe de ce débat, certain en tout cas de l’inanité de son utilisation politique par les partis « verts », paradoxalement un peu moins inquiet de l’échec de la communauté internationale à mettre en œuvre les décisions de Kyoto ou de Rio : une ironie bien amère !

 

 

13 Avril

 

Assises du Patronat chrétien, ce samedi à Dauphine. Nous sommes plus de trois cent à venir mettre en commun les soucis d’entrepreneurs et de cadres dirigeants au regard de l’enseignement social chrétien et plus généralement de la vie chrétienne. Il y a – et c’est frappant – beaucoup de jeunes entrepreneurs qui témoignent fortement – et de manière très ouverte à la différence de leurs ainés – de l’intensité de leur vie de prière. L’un d’eux emploie les termes de Paul allant prêcher  ce qui est « folie pour les grecs », la folie chrétienne dans une société française dont les valeurs « laïques » peuvent laisser rêveur.

Dans la logique du Bien Commun, la position de l’entrepreneur est celle de l’intendant qui gère l’héritage de la création et le fait prospérer. Les deux mots essentiels de l’engagement religieux (la foi) et professionnel (la confiance) n’ont-ils pas la même racine.

Bien entendu les échos de l’affaire Cahuzac sont revenus dans les débats avec un souci accru de transparence et de normes pour les dirigeants. Mais au-delà c’est l’appel à la responsabilité qui détermine le comportement de l’entrepreneur quel que soit son engagement spirituel. Et puis une dernière phrase à méditer en guise d’envoi : « tout ce qui n’est pas éternel est éternellement inutile ».

 

 

15 avril

 

Mauvaises nouvelles sur le front macro-économique. C’est tout d’abord le FMI bien pessimiste sur l’Europe et surtout pour la France. Le gouvernement avait déjà diminué ses prévisions pour 2013 à 0,1 %. Le FMI table sur le même chiffre mais avec un signe négatif : - 0,1 % ce qui est implicitement confirmé par le nouveau Haut Conseil des Finances Publiques. A ce niveau, on ne peut trop discuter les détails et l’économie n’est pas une science exacte : la France est en récession et surtout va le rester probablement  jusqu’au début de l’année prochaine dans le meilleur des cas : l’automne avec son cortège de hausses d’impôts risque d’être bien difficile. Ce n’est pourtant pas là une bien grande surprise mais la confirmation de nos anticipations de ces derniers mois.

Beaucoup plus inquiétante est la nouvelle tombée de Chine : la croissance au premier trimestre 2013 n’a été que de 7,7 % là où nous attendions 8 % au moins et la production industrielle au mois de mars a progressé de moins de 10 % encore. Ces chiffres, qui feraient rêver partout ailleurs, déçoivent sur les perspectives d’un rebond chinois qui aurait pu être un moteur de la croissance mondiale. Pour l’instant l’essoufflement de la Chine peut être une conséquence de la faiblesse des pays avancés. Il ne faudrait pas qu’il en devienne par la suite la cause !

De retour en Europe, c’est donc l’inquiétude qui domine face au dogmatisme de la BCE et en France face à la paralysie des politiques.

 

 

16 avril

 

Encore un colloque sur l’Afrique ! Cette fois nous nous posons la question de l’Afrique ou des Afriques. Vu du nord la multiplicité de l’Afrique semble une évidence : la frontière du Sahara entre le Nord et l’Afrique subsaharienne ; les pays pétroliers et les autres…Un africain nous rappelle pourtant que ce qui unit l’Afrique c’est son passé de colonisé que cette colonisation ait été française, anglaise ou portugaise. L’Afrique est au fond le seul continent qui porte en elle la blessure coloniale. D’ailleurs alors que l’on a toujours du mal à parler des européens, on parle des africains comme un tout qui serait cohérent. Et puis l’héritage colonial demeure prégnant un demi-siècle encore après les indépendances : en Afrique anglophone une société peut sans problèmes plaider au contentieux contre l’état ; en Afrique francophone – à l’image de la France – cela est impossible. Ce n’est bien entendu pas un gage de bonne gouvernance et l’Afrique souffre de son instabilité chronique. Mais il est symptomatique que tous les pays qui sont cités dans le débat comme des "modèles " (le Ghana) ou comme des pôles de futurs regroupements régionaux (le Nigéria, le Kenya, voire même l’Afrique du Sud) appartiennent à la sphère anglophone. Le « modèle français » est bien difficile à faire évoluer même en Afrique.

 

 

17 Avril

 

Il ya des « madeleines » bien agréables à déguster avec délices : écrire ainsi en une après-midi de grand soleil à la terrasse d’un café, place de la Bourse à Bordeaux, le long de la Garonne dont les quais grouillent de toute une population jeune qui profite des premières chaleurs. J’ai mes racines à Bordeaux et j’ai connu le long du « port de la lune » le trafic des cargos qui faisaient la côte africaine.

Nettoyée, aménagée, Bordeaux a retrouvé la splendeur de son écrin de bâtiments du XVIIIe siècle au temps des colonies et de la traite : superbe décor mais qui sonne un peu creux. C’est que Bordeaux n’a plus guère de cœur économique : il y a bien sûr la richesse du vin et notamment des grands crus dont la saison des primeurs va bientôt commencer. Mais le vin a été un peu pour Bordeaux ce que le pétrole est pour nombre de pays producteurs : une chance et une malédiction à la fois qui a favorisé une économie de rente. La belle alanguie s’est doucement endormie en préservant néanmoins son patrimoine. Elle est un peu à l’image d’une France où la qualité et la douceur de vivre ont pris le pas sur la dynamique créative. Bordeaux se tourne d’ailleurs de plus en plus vers le tourisme et les chinois y achètent des vignobles. Une mouette passe …

 

 

18 Avril

 

« Dites le : les affaires ne vont pas. Il n’y a plus de clients dans nos magasins. L’activité s’effondre… » Voila le témoignage de quelques interlocuteurs rencontrés à l’occasion d’une conférence à Bordeaux. On est là bien loin du déni gouvernemental et même des chiffres un peu aseptisant publiés par le FMI ou ce matin par l’OFCE : -0.1 %, - 0.2% est-ce au fond si grave ! Dans la réalité du terrain, celui des petites entreprises, des artisans et commerçants, la panne est réelle et beaucoup plus inquiétante que la perception que l’on peut en avoir dans les salons parisiens.

A ce niveau, le contraste avec le discours officiel est total : le langage de la rigueur aveugle, qui ne passe que par la hausse des prélèvements, n’est plus tenable d’autant qu’il porte pour l’essentiel sur les ménages. Dernier exemple en date, celui des allocations familiales. Sur le fond, il y a bien longtemps que ce problème aurait pu être traité, la logique étant de fiscaliser l’ensemble des allocations perçues par les ménages : il s’agit là d’un simple principe d’équité. Pour autant faut-il s’y attaquer précisément maintenant en utilisant un système de seuil qui va pénaliser un peu plus des classes moyennes déjà fortement pressurées. L’effet d’annonce en sera désastreux bien au-delà du milliard d’euros récupéré. Au même moment le gouvernement refuse de toucher à la réserve parlementaire (150 millions d’euros quand même). Que d’incohérence ! 

 

 

21 Avril 

 

Encore une belle après-midi sous le soleil printanier avec plusieurs dizaines de milliers d’opposants au « mariage pour tous ». L’ambiance est familiale et bon-enfant à mille lieux des violences homophobes dont se nourrit avec délectation la presse. La seule évolution sensible depuis le mois de Janvier et la présence politique plus forte et assumée de la droite et même de l’extrême droite (Gilbert Collard, le député du FN est-il d’ailleurs représentatif ?)

La journée s’est terminée, comme cela devient une tradition par une veillée non violente à la lumière des bougies. De manière spontanée depuis quelques jours des groupes de jeunes ont retrouvé les racines de la non-violence gandhienne. Des images de ces jeunes couchés sur le sol et désarmant par leur attitude les CRS chargés de les évacuer ont fait le tour des réseaux sociaux. C’est là l’attitude la plus juste face à un gouvernement, une majorité et même une presse dont le raidissement « laicard » au plus mauvais sens du terme est perceptible dans le mépris de plus en plus affiché des manifestants.

La non-violence est belle lorsqu’elle s’exprime ainsi, lorsqu’elle est un message d’amour et non de haine, lorsqu’elle est humilité et non arrogance, lorsqu’elle écoute aussi ceux qui souffrent. Espérons que ses petites flammes ne s’éteindront pas.

 

 

23 Avril

 

Le gouvernement va présenter à l’Assemblée Nationale son « programme de stabilité » qui, une fois adopté, sera soumis aux autorités européennes. Ce qui  pouvait apparaître raisonnable il y a encore quelques mois devient un exercice irréaliste tant le document présenté par Bercy sonne « creux ». Comment en effet imaginer un retour de croissance dès la fin de l’année et une année 2014 à 1.2 % suivie de 2015 et 2016 à 2 %, alors même que l’essentiel des chocs liés à la hausse des prélèvements est encore devant nous. Le maintien du seul déficit public à 3.7 % du PIB est fondé sur l’hypothèse d’une hausse des rentrées fiscales de 11.2 % (soit 30 milliards d’euros). Pour l’instant sur les deux premiers mois de 2013, la hausse des rentrées fiscales réelles n’est que de 0.2 %. Et le recul de la consommation des ménages n’augure de rien de bon en ce qui concerne la TVA.

Envoyé à Bruxelles, ce document n’a malheureusement guère d’importance. Mais il est inquiétant en ce qu’il dénote d’irréalisme de la part d’une équipe gouvernementale qui manipule les chiffres comme des joueurs de bonneteau ! La langue de bois règne de Bercy à Matignon en passant par l’Elysée. L’affichage de l’objectif absurde de 3 % de déficit public en 2014 masque le désarroi et la panne d’idée.

 

 

24 Avril

 

Le grand minaret de la mosquée des Omeyades de Damas vient de s’effondrer au milieu des combats qui déchirent la Syrie et sa capitale. On l’appelait le « minaret de Jésus » et il était l’orgueil de cette mosquée que je considère comme la plus belle de l’Islam et probablement aussi l’une des plus anciennes puisqu’elle fut construite dans la première moitié du VIIIe siècle. Outre le minaret de Jésus, on y trouve aussi le tombeau de Jean Baptiste. J’ai souvenir d’avoir découvert émerveillé la mosquée des Omeyades il y a un peu plus de quarante ans. La Syrie était déjà à l’ombre du Baas et de la dynastie des Assad qui soutenait ouvertement tous les mouvements de libération possibles et imaginables mais la population était ouverte et amicale pour les étudiants couchant à la belle étoile que nous étions.

Voila donc Damas dévasté, tout comme Alep dont les souks nous avaient fascinés. La Syrie s’enfonce dans le chaos mais l’obscurantisme affiché par une partie de ceux qui combattent le régime d’Assad (à l’image de ce qui se passe en Lybie, en Tunisie et même en Egypte) n’augure rien de bon pour une Syrie déchirée. La grande cour de la mosquée des Omeyades doit résonner des tirs et des explosions plus que des prières de ceux qui désespèrent.

 

 

25 Avril

 

En fanfare Samsung lance le 4 S et s’affiche comme le principal concurrent d’Apple et pour certains le coréen à déjà dépassé l’américain. Oubliés au passage Nokia ou RIM (Blackberry) qui ne jouent plus dans cette guerre planétaire de l’innovation commerciale que des rôles de figurants. Pour l’instant c’est Apple qui continue à créer les concepts mais Samsung sait maintenant les pousser beaucoup plus loin : voila en tant cas deux extraordinaires « machines » maitrisant toutes les palettes de la mondialisation des technologies de l’information. On s’interroge déjà sur ce que pourra être la prochaine génération des « contenants », if any …

Au même moment Apple dont les résultats ont quand même un peu baissé annonce qu’il va redistribuer $ 100 milliards à ses actionnaires. Certes les coffres de l’entreprise sont pleins ($ 140 milliards de trésorerie qui seraient en partie localisés dans des paradis fiscaux …) mais un esprit chagrin peut aussi se demander si cela ne masque pas une certaine panne d’idées et d’innovations. A suivre dans les mois à venir mais en tout cas quel triomphe posthume pour Steve Jobs !

 

 

28 Avril

 

C’est la faute de l’Allemagne ! On le murmurait dans les dîners, on le chuchotait dans les assemblées : la France était la victime de l’aveuglement teuton, voire, de manière plus percicieuse, de « revanchards » d’Outre-Rhin trop heureux de nous humilier. Le Parti Socialiste vient de l’écrire.

Certes il ne faut pas exagérer le rôle d’un parti de gouvernement. Ses meilleurs cadres peuplent les cabinets ministériels ; ses députés commencent à préparer les municipales de 2014 et prennent leurs distances. Il ne reste rue de Solferino (mais il en était de même pour l’UMP de 2007 à 2012) que des personnalités de second plan qui doivent outrer leurs propos pour être entendus. Mais quelle mouche les a piqués d’aller ressortir pareil discours germanophobe qui, en négatif, porte les traits d’une France qui a peur.

Ne vaudrait-il pas mieux reconnaitre que l’Allemagne a fait les efforts nécessaires au début de XXIe siècle quand en France on rêvait – à droite comme à gauche – de cagnottes à dilapider. Certes la fourmi n’est pas très sympathique même chez La Fontaine mais faut-il pour autant célébrer les cigales.

 

 

29 Avril

 

L’heure est au bilan, celui d’un an de présidence de François Hollande. Les français ont « voté » qui dans les sondages en font le président le plus impopulaire de la Ve république à ce stade de son mandat.

On ne peut toute fois lui imputer ni la récession, ni la montée du chômage qui sont le fruit de paramètres économiques qui lui échappent en grande partie. On doit saluer sa décision concernant le Mali et le rôle qu’il a pu jouer dans l’accord entre le patronat et les syndicats au début de l’année.

Mais voila c’est tout et cela ne fait quand même pas grand-chose. Dans un des régimes les plus « présidentiels » de la planète (aux Etats-Unis, le président doit compter avec le Congrès), il est logique de remonter jusqu’à l’homme qui exerce les plus hautes fonctions et dont le pouvoir a au fond peu de limites. Il ne peut y avoir de faux fuyants. Et là la déception est totale y compris de la part de ses adversaires qui lui reconnaissaient une incontestable habilité « du temps du PS ». Mais la rue de Solferino est bien loin ! François Hollande semble dépassé par sa fonction, par la plénitude de son pouvoir, par l’isolement qui est le sien. Le pilote dans l’avion fait quelques bons mots mais laisse flotter les gouvernes. Et l’avion tangue…

 

 

30 Avril

 

A Bordeaux, l’exercice des « primeurs » bat son plein. En quelques semaines près de deux cent châteaux vont annoncer les prix du millésime 2012, à commander et à payer maintenant pour une livraison en 2014.  2012 sera une année moyenne loin des grands millésimes de 2009 et de 2010 lorsque les prix avaient explosé sous l’impact tant de la qualité que de la demande chinoise. Certains parmi les premiers grands crus et quelques « vins de garage » étaient alors « sortis » à plus de 1 000 euros la bouteille.

Rien de tout cela aujourd’hui et les premiers grands crus du Médoc ont été présentés entre 200 et 300 euros. Pour autant les volumes commercialisés demeurent faibles. C’est que les stocks sont importants et puis aussi que la demande chinoise s’est fortement assagie. En 2012, le marché chinois de l’art s’était replié de 45 % en volume. Les grands vins de Bordeaux obéissent à la même logique que le marché de l’art. En temps de crise – ou d’incertitude – on rogne un peu sur le superflu. Bordeaux est ainsi un indicateur avancé des doutes chinois…