CyclOpe 2024

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Attendre et espérer"

Publication du Rapport

Cyclope 2024

14 Mai 2024 - Paris

CyclOpe 2023

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Les cavaliers de l'Apocalypse"

Publication du Rapport

Cyclope 2023

23 Mai 2023 - Paris

CyclOpe 2022

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Le monde d'hier »

Publication du Rapport

Cyclope 2022

8 Juin 2022 - Paris

CyclOpe 2021

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Cette obscure clarté qui

tombe des étoiles »

Publication du Rapport

Cyclope 2021

26 Mai 2021 - Paris

 

CyclOpe 2020

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Allegoria ed effetti
del Cattivo Governo -Ambrogio Lorenzetti 
»

Publication du Rapport

Cyclope 2020

09 juin 2020 - Paris

CyclOpe 2019

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Les illusions perdues »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2019

15 mai 2019- Paris

CyclOpe 2018

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Le ciel rayonne, la terre jubile »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2018

16 mai 2018 - Paris

CyclOpe 2017

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Vent d'Est, Vent d'Ouest »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2017

15 mai 2017 - Paris

CyclOpe 2016

 

LES MARCHES MONDIAUX

« A la recherche des sommets perdus »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2016

24 mai 2016 - Paris

CyclOpe 2015

LES MARCHES MONDIAUX

Pour qui sonne le glas ?

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2015

20 mai 2015 - Paris

CyclOpe 2014

LES MARCHES MONDIAUX

Dans le rêve du Pavillon Rouge

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2014

14 mai 2014 - Paris

7 avril

          À quinze jours du premier tour des élections présidentielles, la situation se décante peu à peu. En tête, le couple Sarkozy-Hollande semble désormais intouchable avec une légère avance pour Nicolas Sarkozy. Le vrai match est derrière parmi les trois prétendants à la dernière marche du podium. Jean-Luc Mélenchon a bousculé toutes les prévisions et est au coude à coude avec Marine Le Pen. Quant à François Bayrou, son principal objectif est de passer la barre des 10 %. Loin derrière encore, les « cinq petits » ne comptent guère à commencer par Éva Joly qui aura complètement raté sa campagne.

          Les deux candidats majeurs se marquant étroitement, c’est du trio Mélenchon/Le Pen/ Bayrou que l’on aurait pu espérer analyses et propositions nouvelles. Il n’en a rien été du duo des populistes même si le programme de Jean-Luc Mélenchon est moins caricatural que le personnage ne le laisse croire. Seul François Bayrou en fait a eu le courage de poser des questions de fond et il a mis sa campagne et son discours à un niveau qui l’éloigne de toute démagogie. C’est pourtant lui dont les performances dans les sondages sont les plus médiocres. Les Français n’aiment pas le réalisme et préfèrent rêver. Leur réveil n’en sera que plus brutal.

 

12 avril

          Le lancement par la bourse allemande, Eurex, d’un contrat à terme sur les taux d’état français à long terme (le « notionnel »), provoque, en pleine campagne électorale une belle polémique. Il faut reconnaître que le moment peut paraître mal choisi et surtout que l’on peut en faire une lecture caricaturale ce dont la plupart des candidats ne se sont pas privés : une bourse étrangère – pire même, allemande – créant un marché qui va permettre à des spéculateurs de jouer sur la dette française et donc de faire monter les taux d’intérêt. Haro sur ces vils joueurs qui se permettraient de remettre en cause la qualité du papier français!

          Il est difficile d’expliquer qu’un tel marché a existé en France et qu’il fit les heures de gloire du MATIF. La création de l’euro et la convergence des taux européens notamment entre la France et l’Allemagne avaient entrainé la disparition du contrat français au profit de celui du « Bund » allemand, beaucoup plus liquide. Il existe en effet des marchés dérivés pour la dette publique de tous les grands pays à commencer par ceux de Chicago pour les Bons du Trésor américain à dix ans. C’est la divergence entre les taux français et allemands qui a suscité un besoin de couverture pour les investisseurs et donc la création de ce nouveau contrat. Une différence de température créée le besoin d’un thermomètre. Mais celui-ci ne modifie pas la température!

 

13 avril

          Réunion à Bordeaux avec des représentants de la filière vinicole. La situation sur le marché des Bordeaux génériques demeure tendue. À 850 euros la barrique bordelaise (de 900 litres), les producteurs couvrent difficilement leurs charges et nombre de domaines sont en vente (avec quelques achats chinois…). La filière peine à s’organiser face à la grande distribution qui « sort » des bouteilles à moins de deux euros. Une partie du négoce s’est désintéressée de ce segment du marché et préfère se concentrer sur les crus classés et autres crus bourgeois, beaucoup plus lucratifs.

          Justement après la grande semaine de dégustation des primeurs, les premiers châteaux commencent à annoncer les prix de 2011. Certes, ce ne sera pas un grand millésime et il sera même plutôt moyen. Et puis il faut absorber les excès de prix de 2009 et 2010 et des stocks que l’on ne peut brader. Enfin, il y a ce méchant doute sur l’économie chinoise dont Bordeaux est devenu si cruellement dépendant. Alors, le premier des premiers, Lafite-Rothschild est « sorti » à 350 euros la bouteille, en baisse de 50 % par rapport à l’année dernière. L’hirondelle bordelaise nous annonce-t-elle un automne chinois ?

 

17 avril

          Christina Kirchner chausse les talons aiguilles d’Éva Peron, et dans la grande tradition du populisme argentin, prend le contrôle de YPF, la compagnie pétrolière autrefois nationale et aujourd’hui contrôlée par l’espagnol Repsol. Le prétexte est celui de l’absence d’investissements suffisants en Argentine par Repsol qui se serait contentée de pomper – au sens propre du terme – sa filiale. Il est vrai que Repsol n’est pas en très bonne santé et que les rumeurs de vente de YPF à des Chinois circulaient depuis de nombreux mois.

          Mais la réalité est que le gouvernement argentin cherche des boucs émissaires faciles aux difficultés actuelles. La “nationalisation” de YPF, avec des accents à la Morales ou à la Chavez du caudillisme de gauche latino-américain, ne changera probablement rien à une situation économique difficile même si l’Argentine profite actuellement de la bonne tenue des prix agricoles internationaux. Mais c’est tout l’héritage péroniste qui se révèle trop lourd à porter pour un pays qui n’a pas su se réformer à l’image du Chili ou du Brésil.

          À la fin du XIXe siècle, l’Argentine était un pays émergent, la cinquième puissance économique de la planète. L’essai n’a jamais été transformé et les nationalisations n’y changeront rien!

 

18 avril

          Le FMI maintient ses prévisions de croissance mondiale pour 2012 à 3,5 %. Chaque mois, l’organisation de Washington modifie ses anticipations, ce qui peut paraître lassant tant la logique d’une prévision est justement de donner du futur une vision qui ne va pas changer tous les matins. Passons toutefois sur ce détail! Des grands pays, deux seulement seront en négatif en 2012, l’Espagne et l’Italie (qui le resterait en 2013) entrainant dans le rouge pour 2012 la zone euro. L’Union européenne afficherait un zéro parfait contrastant avec 2 % au Japon et 2,1 % aux États-Unis (la prévision est là bien pessimiste).

          Du côté des émergents qui font la croissance, le FMI est là aussi un peu pessimiste : 8,2 % pour la Chine, 6,9 % pour l’Inde, 3 % pour le Brésil… Le chiffre chinois est pratiquement celui du consensus des banques et des instituts de conjoncture et il est trop raisonnable pour être crédible. Après 8,1 % de croissance au premier trimestre 2012 soit la Chine plonge, soit elle rebondit ce que semble confirmer le niveau des importations de matières premières à commencer par le pétrole. À ce moment-là, une croissance de 9 % pour la Chine paraît plausible tout comme l’Inde peut dépasser les 7 % si la mousson est bonne! Voilà un peu d’optimisme de boule de cristal!

 

 

21 avril

          Dernière chronique avant le premier tour des présidentielles. Quelques considérations au fond assez banales : les deux candidats attendus se détachent et réunissent chacun un peu plus du quart de l’électorat français. Derrière, ils sont trois – et non quatre. C’est la première « surprise », l’effondrement d’Éva Joly. La candidate écologiste n’a pas tenu la route. Qu’aurait fait Nicolas Hulot, ou mieux même Daniel Cohn Bendit? La vraie surprise c’est Jean-Luc Mélenchon, au coude à coude avec Marine Le Pen pour la médaille de bronze : un tribun certes qui a réhabilité les grandes réunions populaires, mais aussi un discours moins réducteur qu’on ne le pense notamment sur l’Europe. La déception est celle de François Bayrou qui a montré toutes les limites d’une candidature centriste raisonnable. En 2012, le Centre est cette fois vraiment mort et ne se remettra pas de la déroute qui l’attend aux législatives. La dernière interrogation porte sur le discours de Bayrou dimanche soir. Que décidera-t-il?

          Quant aux autres candidats, en deçà du 1 %, ils ont été comme on les attendait : Artaud, teigneuse, Poutou, ailleurs, Cheminade, surréaliste et Dupont-Aignan, laborieux.

          Ce fut un grand moment de rêve…

 

22 avril

          Il y a donc eu quelque surprise en ce premier tour même si l’ordre des candidats est à peu près celui que l’on escomptait. Hollande vire en tête, mais ne devance Sarkozy que de moins de 2 %. La surprise, c’est bien sûr la performance de Marine Le Pen et le score moyen, par rapport aux attentes des derniers jours, de Mélenchon. Cependant à eux deux nos populistes font les 30 % de voix escomptées ce qui illustre bien la relative perméabilité de leurs électorats. Il n’y a pas eu de miracle pour François Bayrou et sa prestation télévisée dans laquelle il prétend encore juger les programmes des deux finalistes était si peu convaincante que déjà nombre de ses lieutenants ont fait le choix de voler vers la victoire. Reconnaissons à Jean-Luc Mélenchon la cohérence de sa pensée et de son discours. Son ralliement à François Hollande a été net et sans bavure, tout comme d’ailleurs celui d’Éva Joly dont le parcours dans la vie politique française s’est terminé en ce soir du 22 avril.

          Le Front national exulte donc et ne donnera probablement aucune consigne pour le second tour scellant ainsi le destin de Nicolas Sarkozy. L’écart paraît en effet bien difficile à combler et ce n’est pas le nombre de débats télévisés qui pourra y changer quelque chose. Au fond, le grand vaincu de ce premier tour c’est le bonapartisme gaullien, chiraquien puis sarkozyste. Reconstruire un parti de droite en France dans la même logique que le parti socialiste à gauche sera le grand chantier des cinq années d’opposition à venir.

 

23 avril

          Pendant qu’en Chine, l’« affaire Boxilai » révèle chaque jour des détails peu ragoutants sur les grandes fortunes de la nomenklatura chinoise, le premier ministre Wen Jia Bao était en Allemagne pour inaugurer avec Angela Merkel la Foire de Hanovre!

          La Foire de Hanovre est un véritable symbole en plein débat sur la désindustrialisation. C’est en effet la foire industrielle par excellence, celle notamment des machines-outils, la grande vitrine du « mittelstand » allemand : il faut passer par Hanovre pour comprendre la position allemande sur les grands marchés industriels mondiaux. Mais cette année à Hanovre, on compte 475 exposants chinois : à titre d’exemple, il n’y a « que » 120 exploitants français.

          Du point de vue industriel, on assiste en fait à la création d’un véritable axe Allemagne/Chine laissant quelque peu de coté les autres pays européens. Certes tout n’est pas rose et, ainsi, l’industrie allemande des panneaux solaires se trouve au bord de la faillite du fait de la concurrence chinoise. Mais dès que l’on sort des productions de masse, force est de constater que les entreprises allemandes ont su conserver leur incontestable avance technologique. N’est-ce pas le meilleur remède à la désindustrialisation?

 

25 avril

          Conférence à Split en Croatie et l’occasion de revoir, dans ce qui était l’italienne – ou plutôt vénitienne – Spalato, le palais de Dioclétien. L’empereur roumain qui avait su mettre fin à la grande période d’anarchie du IIe siècle fit construire ce palais (un quadrilatère de 200 mètres de côté) pour prendre sa retraite au bord de la mer, en face des îles de la côte de Dalmatie. On parle bien de retraite puisque Dioclétien fut à l’origine d’un système politique original, celui de la tétrarchie : deux Auguste et deux César, ayant la charge de la gestion et de la défense de l’immense Empire romain. Mais Dioclétien avait prévu qu’au bout de vingt ans de règne, les deux Auguste se retireraient. C’est ce qu’il fit et il termina ses jours dans son palais de Split. Trop complexe la trétarchie ne lui survécut que quelques années et dès 326, Constantin avait à son profit réunifié l’Empire romain.

          Mais l’expérience de Dioclétien, dans sa modernité et notamment son refus du principe héréditaire, peut être utilement méditée par tous ceux qui aujourd’hui s’accrochent au-delà du raisonnable au pouvoir, dans les démocraties et ailleurs.

 

27 avril

          Après l’Espagne, voilà le Royaume-Uni qui retombe dans la récession, ce qui fait un total de huit pays européens dans le rouge. En Espagne, la récession est forte (-0,4 % au premier trimestre) avec des craquements inquiétants dans un système financier qui avait pourtant jusque-là admirablement résisté au désastre immobilier sans enregistrer aucune faillite de banques ni de « cajas » (les caisses d’épargne régionales). Mais la montée du chômage à près de 25 % peut faire craindre le pire. Au Royaume-Uni, la rechute est aussi inquiétante et remet en cause de bien fragiles équilibres politiques. Il n’y a qu’en Allemagne que les données les plus récentes laissent espérer une légère amélioration.

          Dans ce contexte, les marges de manœuvre européennes sont limitées. Il est clair que, au lendemain des élections françaises, la pression sera forte pour assouplir quelque peu le carcan de rigueur dicté par Francfort et Berlin. L’Allemagne pourra-t-elle évoluer sur sa position pour l’instant très rigide? En tout cas une baisse des taux de la BCE n’aurait qu’un impact symbolique. Mais au fil des sommets de crise, peut-être parviendra-t-on à faire plus et mieux d’Europe?