CyclOpe 2024

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Attendre et espérer"

Publication du Rapport

Cyclope 2024

14 Mai 2024 - Paris

CyclOpe 2023

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Les cavaliers de l'Apocalypse"

Publication du Rapport

Cyclope 2023

23 Mai 2023 - Paris

CyclOpe 2022

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Le monde d'hier »

Publication du Rapport

Cyclope 2022

8 Juin 2022 - Paris

CyclOpe 2021

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Cette obscure clarté qui

tombe des étoiles »

Publication du Rapport

Cyclope 2021

26 Mai 2021 - Paris

 

CyclOpe 2020

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Allegoria ed effetti
del Cattivo Governo -Ambrogio Lorenzetti 
»

Publication du Rapport

Cyclope 2020

09 juin 2020 - Paris

CyclOpe 2019

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Les illusions perdues »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2019

15 mai 2019- Paris

CyclOpe 2018

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Le ciel rayonne, la terre jubile »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2018

16 mai 2018 - Paris

CyclOpe 2017

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Vent d'Est, Vent d'Ouest »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2017

15 mai 2017 - Paris

CyclOpe 2016

 

LES MARCHES MONDIAUX

« A la recherche des sommets perdus »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2016

24 mai 2016 - Paris

CyclOpe 2015

LES MARCHES MONDIAUX

Pour qui sonne le glas ?

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2015

20 mai 2015 - Paris

CyclOpe 2014

LES MARCHES MONDIAUX

Dans le rêve du Pavillon Rouge

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2014

14 mai 2014 - Paris

3 août

La sécheresse ne cesse de s’amplifier aux États-Unis : elle touche désormais 63 % du territoire et la moyenne des températures en juillet (25,3 °C) est la plus forte enregistrée depuis 1936 ! Les prévisions de rendements agricoles ne cessent de diminuer et à Chicago, maïs et soja ont battu leurs records de 2008. Sur les bords de la Mer Noire, on mesure maintenant les conséquences de la sécheresse qui a surtout affecté la Russie : le disponible exportable de blé passerait pour la campagne 2012/2013 à 29 millions de tonnes contre 37 l’année précédente. Résultat les prix du blé flambent et à Paris se rapprochent des 300 euros la tonne.

Heureusement, malgré une mauvaise mousson en Inde et grâce à de bonnes récoltes en Thaïlande et au Vietnam, le marché du riz échappe à la frénésie.

C’est en tous cas la troisième fois en cinq ans que pareilles tensions se renouvellent. Les accidents climatiques ont bon dos tout comme la spéculation. En réalité, nous payons là le résultat de décennies d’abandon agricole et de discours passéistes. Peut-être serait-il temps enfin de faire de l’agriculture le chantier majeur du XXIe siècle.

 

8 août

La France serait en récession, à en croire du moins la Banque de France, légèrement plus pessimiste en la matière que l’INSEE. Il est vrai que la plupart des indicateurs sont au rouge à l’image du moral des industriels et de celui des ménages, ce que l’on retrouve « sur le terrain » dans le comportement des vacanciers du mois de juillet et cela à tous les niveaux jusque même à la fréquentation des golfs de la côte Basque.

Et puis peut-il y avoir encore une exception française alors que des pays comme le Royaume-Uni ou l’Italie en sont presque à un an de récession.

Pourtant, le gouvernement est en vacances, ce qui peut paraître quelque peu surréaliste de la part de nouveaux arrivants qui devraient être en train de peaufiner les derniers textes de leurs « cent jours ». Il n’en est rien et on trouve au contraire quelque ressemblance dans la méthode entre François Hollande et Jean-Pierre Raffarin, la même « sage » lenteur qui pouvait peut-être se justifier en 2002, mais qui est suicidaire en 2012.

La France est en récession et…en vacances.

 

9 août

Il ya cinquante ans, le 9 août 1962 disparaissait Hermann Hesse. Représentant emblématique de la grande littérature allemande de la première moitié du XXe siècle, un peu oublié sur la fin de sa vie, Hesse connut un singulier retour de fortune dans les années soixante lorsqu’il fut adopté par une jeunesse en pleine recherche de sens et d’idéal. Se rattachant à la grande tradition allemande des romans initiatiques, ses héros, Goldmund, Knulp, Sidharta, Demian partent en de longs vagabondages en marge des sociétés qu’ils côtoient.

Pour ma génération, Hesse fut un maître à penser autrement plus important que bien des philosophes de l’existentialisme : « Narcisse et Goldmund », son plus beau livre à mon sens fut longtemps mon livre de chevet, chacun d’entre nous étant un peu Goldmund, l’artiste fantasque, et Narcisse, le moine érudit.

H. Hesse est aujourd’hui bien oublié et ses livres ne sont plus guère lus. Pourtant, il y a en eux une part de rêve qui manque cruellement à toute une jeunesse en mal d’utopies fondatrices.

 

12 août

 Les Jeux olympiques se terminent. De l’avis général, ils furent bien organisés et même le crachin britannique ne parvint pas à gâcher la fête ! Nos hôtes se sont taillés de francs succès dans des disciplines comme l’équitation, le cyclisme et l’athlétisme. Au nombre total de médailles, États-Unis et Chine ont presque fait jeu égal, la France se situant à un rang au fond assez conforme à sa place dans le monde. Il est en effet assez frappant de constater que le classement olympique reproduit assez bien celui du PIB mondial : dans les dix premières nations, on retrouve cinq membres du G7 ainsi que la Russie, les seuls absents étant le Japon (11e) et surtout le Canada (36e, mais il faudrait tenir compte des jeux… d’hiver). Par contre, on trouve la surprenante Corée du Sud et puis la Hongrie et l’Australie. Les émergents en dehors de la Chine sont bien loin : le Brésil (22e), l’Afrique du Sud (24e) et surtout l’Inde (55e). Au total, 79 pays ont obtenu des médailles ce qui laisse fort loin une bonne partie de la planète. Le sport est un indicateur économique tout aussi cruel que les autres même si parfois des régimes totalitaires peuvent le manipuler à l’image des quatre médailles d’or de la Corée du Nord !

 

14 août

Voilà donc les « 100 jours » de François Hollande qui se terminent. Dans ce cas précis, l’expression n’a aucun sens tant la stratégie du gouvernement a été de ne pas utiliser cette période d’état de grâce et de se limiter à quelques mesures symboliques sans grande portée. Le nouveau gouvernement a tenu quelques promesses – les moins onéreuses –, a constitué quelques commissions et pour le reste s’est installé avec une certaine délectation dans les meubles et les résidences des sortants.

De grands projets, il n’y en a pas eu. La réforme fiscale a été repoussée à la Loi de Finances 2013 ce qui n’augure de rien de bien révolutionnaire tant les marges de manœuvre – à croissance zéro – seront faibles voire nulles. Sur les questions sociales, pas de changements radicaux non plus : les expulsions de « roms » et les émeutes dans les quartiers sensibles d’Amiens montrent au contraire une singulière continuité dans les maux et les remèdes. Même les affaires internationales semblent bien peu inspirer nos dirigeants.

De droite comme de gauche, on ne peut que regretter cet immobilisme. La France ne se réforme bien que lorsque les Français sont assommés par la canicule estivale. En 2012, la météo était au rendez-vous; pas le gouvernement.

 

15 août

En cette fête de l’Assomption, l’Église catholique a choisi d’entrer dans le champ politique et de monter au créneau sur les dossiers du mariage et de l’adoption homosexuels. Dans toutes les églises de France, au moment de la Prière universelle a été lue une intention pour les enfants et l’importance qu’ils aient des familles composées de « père et de mère ». Passée inaperçue dans bien des cas, elle n’a pas tardé à faire polémique, certains n’hésitant pas à taxer l’Église d’homophobie !

Voilà qui promet pour le grand débat français de la rentrée ! Mais peut-on être opposé au mariage et à l’adoption par des homosexuels sans pour autant être accusé de la pire des homophobies. Que l’homosexualité puisse être dans nos sociétés reconnue comme une attitude normale par opposition à des siècles de silence et de répression est un progrès et sur le plan juridique et patrimonial, le PACS a permis de régler la plupart des difficultés matérielles. Mais on peut légitimement penser que mariage et adoption sont d’un autre ordre, qu’il y a là une rupture par rapport à la construction à la fois sociale et spirituelle de nos sociétés. L’Église est dans son rôle, mais que ce débat va être difficile !

 

20 août

En un ultime hommage à Steve Jobs, Apple vient de devenir la première capitalisation boursière mondiale à $ 623 milliards dépassant ainsi les $ 620 milliards atteints par Microsoft en 1999 juste avant l’explosion de la bulle internet. Dépassées les valeurs chinoises ou les pétrolières, le triomphe d’Apple s’est concrétisé à la seule annonce de la sortie prochaine de l’Iphone 5. Au fond, trois entreprises, toutes les trois américaines auront tour à tour personnifié la grande révolution des technologies de l’information de la fin du XXe siècle : IBM d’abord, le roi des « grosses » machines puis du PC, Microsoft ensuite qui inventa au fond la connexion entre la machine et l’homme et Apple enfin, surtout dans sa deuxième période qui a totalement révolutionné nos modes de communication. Quelques autres petits génies ont surfé sur les vagues de ces fondateurs, mais les échecs de Nokia ou de Facebook montrent bien leurs limites. IBM est aujourd’hui une entreprise de conseil, Microsoft cherche son second souffle. Apple est au zénith. Pour combien de temps !

 

21 août

Disons que c’est le hasard ! Je faisais aujourd’hui à Saint-Jean-de-Luz une conférence dans le cadre des « mardis de l’été » sur « les chrétiens face à la crise ». Cherchant sinon l’inspiration au moins une idée pour mon envolée finale, j’eus la curiosité de consulter les textes de l’office du jour et tombais ainsi sur la première lecture, issue du livre d’Ezechiel (ch 28) :

« Par ta sagesse et ton intelligence tu as fait fortune, tu as accumulé l’or et l’argent dans tes trésors. Par ton génie du commerce, tu as multiplié ta fortune et à cause de cette fortune ton cœur s’est exalté. C’est pourquoi parce que tu prends tes pensées pour des pensées divines, je fais venir contre toi des barbares. Ils tireront l’épée contre ta belle sagesse, ils profaneront ta splendeur… Sous la main de ceux qui te transperceront, tu seras un homme et non un dieu. »

Tout est là presque résumé : l’orgueil de l’homme après de longues périodes de croissance et de prospérité, l’assurance des économistes (« nous savons prévenir et guérir les crises ») et puis l’irruption de la crise pour nous rappeler que les dieux de l’économie n’existent pas. Ezéchiel s’adressait au prince de la ville marchande de Tyr qui était à l’époque une sorte de Wall Street de la Méditerranée…

 

22 août

La combinaison d’un prix du pétrole relativement élevé (entre $ 110 et $ 115 pour le Brent) et de la faiblesse de l’euro (au demeurant une bonne chose pour l’Europe) auxquels s’ajoutent le retour des marges de raffinage européennes à des niveaux décents (il y a deux raffineries à reprendre en France) font que le prix d’essence ou du diesel n’a jamais été aussi élevé sur les routes de France qu’en cet été 2012.

Alors bien sûr, le gouvernement veut agir d’autant plus qu’il y avait de vieilles promesses du candidat Hollande. En mal de sujets, la presse s’empare de ce « marronnier » de l’été. La chose est pourtant bien simple : l’essence c’est du pétrole et des marges de raffinage, du dollar, quelques frais de distribution et surtout des impôts fixes ou variables. Sans influence sur les marchés du pétrole et du dollar, un gouvernement ne peut jouer que sur la part fiscale. Diminuer le prix de l’essence ou au moins le plafonner n’est pas bien difficile. Mais c’est une sorte de chèque en blanc que le contribuable rédige en faveur de l’automobiliste à raison de cinq cents millions d’euros pour un centime à la pompe. Est-ce bien raisonnable ?

 

24 août

Les prix des grains continuent de flamber avec la poursuite de la sécheresse aux États-Unis. Le soja a passé les $ 17 le boisseau et le maïs les $ 8 à Chicago. Pour forte qu’elle soit, cette hausse peut s’expliquer par la logique des fondamentaux fortement malmenés par la météo. Mais à longueur d’interviews par des journalistes en général peu informés, c’est la spéculation qui est mise en accusation. Le spéculateur est le bouc émissaire facile qui permet de ne pas remettre en cause le grand abandon des politiques de production agricole qui a marqué le monde depuis deux décennies.

On va même maintenant plus loin et des ONG comme Oxfam font pression sur les banques pour qu’elles abandonnent leurs opérations de trading sur les marchés agricoles. On peut discuter de ce type d’opérations sur le plan éthique et comprendre ceux qui n’admettent pas ce genre de spéculation. Mais l’histoire des marchés montre bien au contraire la faible influence de la spéculation financière par rapport aux équilibres entre l’offre et la demande. Le marché, c’est-à-dire les spéculateurs, fait à un moment donné la somme des anticipations de ce que sera demain le rapport entre l’offre et la demande. Un point c’est tout.

 

26 août

Deux Amstrong ont quitté la scène : l’un, Neil, par la grande porte, celle du héros de légende qui un beau jour de juillet 1969 avait fait « un grand pas pour l’humanité ». L’autre, Lance, sort par la porte de service, celle des tricheurs. Il avait gagné sept tours de France sans que vraiment le public européen ne l’adopte, à la différence du premier vainqueur américain du Tour, Greg Lemond. En renonçant à contester la sanction imposée par les autorités sportives américaines, Lance Amstrong a implicitement avoué son dopage et devrait perdre tous ses maillots jaunes. Le problème est que la plupart de ses dauphins ont été eux-mêmes condamnés pour dopage. À l’époque, les coureurs roulant – et gagnant – à l’eau claire étaient bien rares! L’arrogance d’Amstrong fut telle que l’on ne versera guère de larmes sur son sort. Il serait même abusif de condamner le seul cyclisme alors que tant de « performances » aux J.O. de Londres sentent le souffre. Dans une société qui a fait du sport une profession à part entière et qui célèbre les limites les plus extrêmes de l’homme et de son corps, nous n’avons là au fond que ce que nous méritons!

 

27 août

Cela n’a pas fait grand bruit : une vieille dame de 125 ans d’âge, fondée à Marseille à la fin du XIXe siècle, la Compagnie française de l’Afrique Occidentale (CFAO), vient d’être vendue par le groupe PPR à la société de commerce du groupe Toyota (ce que l’on appelle une sogo shosa). PPR confirme son recentrage sur le luxe ce qui est au fond assez logique. Mais la vente de la CFAO à un groupe japonais marque bien le déclin de l’influence économique française en Afrique. La CFAO était ce que l’on appelait une « société de comptoir » : des comptoirs installés le long des côtes et des fleuves africains qui achetaient les produits locaux et vendaient des objets importés en général de France : basées à Marseille ou à Bordeaux, ces sociétés (la SCOA, la CFAO, Peyrissac, Tesseire…) survécurent aux indépendances en restant en général des spécialistes de la distribution. La plupart ont aujourd’hui disparu laissant le champ libre aux Japonais (notamment dans la distribution automobile) et probablement demain aux Chinois. Clap de fin d’une belle histoire.