CyclOpe 2024

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Attendre et espérer"

Publication du Rapport

Cyclope 2024

14 Mai 2024 - Paris

CyclOpe 2023

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Les cavaliers de l'Apocalypse"

Publication du Rapport

Cyclope 2023

23 Mai 2023 - Paris

CyclOpe 2022

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Le monde d'hier »

Publication du Rapport

Cyclope 2022

8 Juin 2022 - Paris

CyclOpe 2021

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Cette obscure clarté qui

tombe des étoiles »

Publication du Rapport

Cyclope 2021

26 Mai 2021 - Paris

 

CyclOpe 2020

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Allegoria ed effetti
del Cattivo Governo -Ambrogio Lorenzetti 
»

Publication du Rapport

Cyclope 2020

09 juin 2020 - Paris

CyclOpe 2019

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Les illusions perdues »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2019

15 mai 2019- Paris

CyclOpe 2018

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Le ciel rayonne, la terre jubile »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2018

16 mai 2018 - Paris

CyclOpe 2017

 

LES MARCHES MONDIAUX

« Vent d'Est, Vent d'Ouest »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2017

15 mai 2017 - Paris

CyclOpe 2016

 

LES MARCHES MONDIAUX

« A la recherche des sommets perdus »

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2016

24 mai 2016 - Paris

CyclOpe 2015

LES MARCHES MONDIAUX

Pour qui sonne le glas ?

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2015

20 mai 2015 - Paris

CyclOpe 2014

LES MARCHES MONDIAUX

Dans le rêve du Pavillon Rouge

A l'occasion de la publication du Rapport Cyclope 2014

14 mai 2014 - Paris

4 Novembre

Fagor / Mondragon

 

Les difficultés que rencontre le groupe d’électroménager Fagor (en France Thomson Brandt, Dietrich…) mettent au premier plan son actionnaire majoritaire, la coopérative basque de Mondragon.

C’est même avec Fagor que tout avait commencé lorsqu’en 1943 arrive à Arrasate – Mondragon, une bourgade au fond d’une vallée basque, un jeune prêtre – plutôt anti franquiste – Don José Maria Arizmendiarreta. Après une école, il crée en 1956 un atelier coopératif où l’on fabrique des fourneaux et des réchauds à pétrole. Ce sera Fagor à l’origine de ce qui est la plus importante coopérative ouvrière au monde, la Mondragon Cooporacion Cooperativa : près de 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires, cent mille employés, pour la plupart « travailleurs associés ». La MCC ce sont plus de cent coopératives dans la métallurgie, les transports mais aussi dans la grande distribution et la banque : un modèle qui à longtemps fait l’étonnement et l’admiration et qui est au cœur de la réussite économique d’Euskadi, avec cette volonté féroce de vivre et travailler au pays.

Fagor est aujourd’hui victime de la crise immobilière en Espagne et puis aussi de la difficulté d’exporter son modèle. En France les employés du groupe sont de simples salariés et les syndicats ont vu d’un très mauvais œil ce drôle d’oiseau coopératif. Il reste maintenant à voir comment va fonctionner la solidarité coopérative.

 

 

6 Novembre

Brésil

 

Deux faillites importantes font l’actualité en Espagne – et en Europe – celle de Fagor désormais certaine et au Brésil celle du pétrolier OGX. Les montants ne sont pas les mêmes mais la brutalité est identique. Au début de 2013, la fortune du propriétaire d’OGX se mesurait en dizaines de milliards de dollars ou du moins telle était la valeur que lui donnaient des marches biens aveugles. Eike Batista régnait sur un véritable empire minier et énergétique (EBX) et était l’image d’un Brésil flamboyant où les valeurs de gauche incarnées par Lula se mariaient sans problèmes avec le capitalisme le plus débridé (ce qui n’est pas sans rappeler la France des années quatre vingt). Mais voila les gisements pétroliers avaient été surestimés et l’empire bâti sur un sable bien peu porteur. Le scandale devrait éclabousser tout le Brésil.

Toute autre est l’histoire de Fagor et de Mondragon, prise à contrepied par la crise de l’immobilier en Espagne et par des investissements européens peut-être un peu trop aventureux.

Le milliardaire flamboyant brésilien et l’austère coopérative basque tombent au même moment. C’est un hasard du calendrier mais ce sont au fond deux facettes d’une crise qui perdure et qui brise des existences.

 

 

7 Novembre

Déflation

 

Baisse des taux de la Banque Centrale Européenne et un nouveau record à 0.25 % : jamais les taux européens n’avaient été aussi bas. Avec la Fed à zéro, les taux des deux plus grandes banques centrales sont au plus bas sans que pour autant cela ait quelque effet sensible sur leurs économies respectives. Au contraire ce qui guette de manière de plus en plus claire en Europe c’est le danger de la déflation et de son cortège d’anticipations négatives.

Il y a bien longtemps que le mot de déflation n’a pas été utilisé, au moins en Europe où il faut remonter aux années trente et aux politiques suivies alors par Brüning en Allemagne et Laval en France. Le Japon se bat avec la déflation depuis une vingtaine d’années et il n’est pas encore certain que les « Abenomics » lui aient permis d’en sortir. C’est que la déflation est un mal insidieux : l’attente de la baisse des prix paralyse toute décision. Elle conforte le rentier (car les taux sont quand même positifs) au dépens de l’entrepreneur.

A force d’avoir combattu l’inflation pour complaire à la Bundesbank, la BCE se trouve aux limites d’une déflation qu’elle encourage pour nombre de pays et pas seulement en Grèce. L’erreur est historique. Avec pareils montants de dette, c’est d’inflation au contraire dont l’Europe a besoin. Mais à Francfort l’heure est à l’orthodoxie.

 

 

10 Novembre

Anvers / Amsterdam

 

D’Anvers à Amsterdam, il y a à peine cent cinquante kilomètres d’une autoroute qui traverse le plat pays et les polders et pourtant il y a un siècle, deux « économies-monde » qui se sont succédées mais si différentes l’une de l’autre. Le siècle d’or d’Anvers est le XVIe siècle : la ville est le centre du commerce mondial, là où les portugais viennent vendre leur poivre, les hanséatiques leurs grains et les allemands leur cuivre. La ville regorge de richesses que l’on aime à montrer dans les églises et les maisons des corporations : Rubens personnifie en quelque sorte cette exubérance. Mais viennent les guerres de religion et les espagnols qui reprennent Anvers en 1585. Le commerce émigre à Amsterdam.

Le décor change. L’austérité est de mise. Sur les canaux les maisons ne laissent rien voir des intérieurs que peint Vermeer. Les églises se dépouillent de leurs ornements et on peine à imaginer les moments de folies de la grande spéculation sur les bulbes de tulipe de 1637. Amsterdam domine les échanges mondiaux et pourtant la ville est moins cosmopolite qu’Anvers. L’une et l’autre marquent, plus encore que Venise, le triomphe des bourgeoisies marchandes. Mais le contraste religieux perdure au travers des siècles même si aujourd’hui il est peu visible dans le contexte de sécularisation à peu près totale des sociétés en particulier aux Pays Bas.

 

 

13 Novembre

1995 – 2013 : même combat ?

 

En 1995, l’automne fut en France particulièrement tendu, marqué de mouvements sociaux et de grèves qui paralysèrent le pays face à un gouvernement qui tentait – à la hussarde certes – de toucher à quelques unes des « vaches sacrées » du modèle français comme les retraites des cheminots. Ceci se termina par le retrait des réformes envisagées et par la défaite électorale de la droite quelques mois plus tard face à une gauche qui promettait les 35 heures.

En 2013, l’automne est tout aussi chaud même si la contestation s’exprime de manière différente. La gauche est au pouvoir et dispose théoriquement de toutes les clefs de la démocratie française : assemblée nationale, sénat, régions … On ne peut dire que le gouvernement ait cherché à brutaliser les français par des réformes fondamentales. Au contraire la première année du mandat de Françoise Hollande a été plutôt marquée par un prudent immobilisme sur le plan économique et social. A une réforme fiscale qui eut pourtant été bien nécessaire, on préféra l’exercice du « mariage pour tous » qui avait au moins l’avantage de diviser les français sur des clivages plus philosophiques et moraux que politiques. Bien sûr la situation économique ne donnait guère de marges de manœuvres, un prétexte classique en période de disette d’imagination. Faute de réformer, incapable de réduire de manière sensible les dépenses, la seule politique suivie fut celle de l’augmentation des recettes, ce qui correspondait d’ailleurs à des discours « anti-riches » qui avaient marqué la campagne électorale. Soyons honnête cependant, en période de crise, l’impôt est légitime et la contribution de tous est nécessaire. Mais ce genre de langage de raison passe mal en France.

La méthode – ou plutôt l’absence de méthode – choisie a cependant été catastrophique : un patchwork de mesures mal préparées, présentées à la hâte, souvent « mitées » par de trop nombreuses dérogations et devenant indéfendables même lorsque l’idée première était juste : écotaxe, EBE, assurance vie et bien d’autres tout y est passé : présentées, amendées, repoussées : autant de reculs qui ont fragilisé de ce qui pouvait rester de la légitimité du politique à gérer les grands équilibres de la nation.

Curieusement c’est de province qu’est venu le symbole de la contestation. Cette fois les girondins sont bretons avec leurs bonnets rouges, lointain souvenir de la révolte contre « le papier timbré » parisien de 1675. En quelques jours les bonnets rouges ont été partout de l’écotaxe à la réforme des rythmes scolaires et même aux centres équestres, au-delà même des tentatives de récupération politique d’une droite de toute manière affaiblie et divisée.

Le paradoxe de 2013 est que la situation sociale et le rejet du politique sont identiques à 1995 mais cette fois ci alors même que le choix fait à l’Elysée était celui du maintien de subtils équilibres entre tous les courants et tendances de la majorité. Mon Dieu que la réforme est difficile en France ! Agir ou ne rien faire, le résultat est le même. Convenons simplement qu’en 2013 la sanction des français est quelque peu justifiée ! Mais au-delà, il reste l’immense chantier de la refondation d’un modèle français qui eut ses heures de gloire et qui est aujourd’hui à bout de souffle. Le repli dans le village gaulois n’a pas de sens. C’est cela que les politiques doivent comprendre et faire comprendre.

 

 

14 Novembre

Maïs

 

A Biarritz se réunissent les producteurs français de maïs, la plus importante céréale de la planète (près d’un milliard de tonnes de production cette année) mais en France critiquée pour son appétit en eau et sa tendance à la monoculture par les Verts et autres écolos au nom notamment de la biodiversité. C’est aussi autour du maïs que les combats sur les OGM ont été les plus intenses. Pourtant le thème du Congrès était celui de l’intensification écologique.

Un des agronomes français spécialiste des questions de développement parmi les plus pertinents, Michel Griffon, a rappelé quelques vérités qui mériteraient d’être entendues par tous ceux qui confondent écologie et retour à la nature éternelle. L’écologie en fait est la science de l’avenir, celle des interactions entre des organismes vivants. Contrairement à tous ceux qui considèrent l’agriculteur comme une sorte de prédateur, la Nature c’est l’Agriculture ! Une terre à l’abandon, ce n’est pas un modèle de décroissance verte, c’est un gâchis tant pour les hommes que pour l’environnement. Le maïs peut jouer un rôle fondamental en association avec d’autres cultures : autrefois en Amérique Latine, on associait le maïs avec des légumineuses comme le haricot afin de fixer l’azote de l’air et d’assurer un couvert végétal permettant de retenir l’eau dans le sol et d’éviter le ruissellement. Ce système de la « milpa » était infiniment plus favorable à la biodiversité que ne l’est l’application aveugle des règlements européens. Mais n’est pas écologue qui veut !

 

15 Novembre

Crise

 

Un débat à Marseille sur la crise avec une philosophe, un journaliste et un homme politique (François Baroin). Le mot est aujourd’hui mis à toutes les sauces et l’un d’entre nous à beau jeu de souligner que le grand mérite de la crise, c’est tout simplement de nous prouver que nous existons encore.

Au-delà de ce pied de nez, la crise est au fond devenue la marque dune sorte d’état de doute permanent qui s’est emparé du monde occidental depuis la fin des trente glorieuses. Certes il y a eu des hauts et des bas et chaque pays a connu sa propre histoire. Mais le sentiment de crise a prévalu à l’exception de quelques moments de grâce, autour de l’an 2000 par exemple dans le cas français.

Mais en cette automne 2013 la crise est partout : économique certes (et la croissance négative annoncée ce matin pour la France au troisième trimestre le prouve encore), financière et monétaire, sociale avec la montée du chômage, politique bien sûr avec la paralysie du gouvernement et son incapacité à montrer le chemin de quelque réforme que ce soit. La France est en crise dans une Europe à peine convalescente parmi des pays avancés qui doutent à l’image des Etats-Unis. L’originalité de la crise en France réside dans le fait qu’elle suscite le déni, qu’elle provoque des chasses aux sorcières (ce soir, c’étaient les politiques et les banquiers un classique !) et qu’elle favorise plus l’immobilisme que le changement. C’était là manifestement ce que pensait notre auditoire.

 

16 Novembre

Aida

 

Aida de Verdi à l’Opéra Bastille mis en scène par Olivier Py. Le livret de l’opéra commandé à Verdi par le Khedive Ismail pour l’inauguration de l’Opéra du Caire est suffisamment « pompier » pour que l’on pardonne à un metteur en scène qui nous épargne pharaons et guerriers égyptiens. Mais là manifestement Py est allé trop loin dans des directions bien confuses même pour l’esprit le mieux incliné. Passent tous les anachronismes entre une action située au moment de la libération de l’Italie du joug autrichien et des militaires maniant la kalachnikov, des manifestants huant le colonialisme et des captifs éthiopiens transformés en « roms ». Tout ceci sent bon le politiquement correct en ces temps de gauche dans le doute et Py – qui dirige maintenant le festival d’Avignon – doit conforter un peu ses amis du Lubéron. Mais ce qui n’est pas tolérable dans sa mise en scène c’est l’anticléricalisme primaire qui s’en dégage. Les prêtres égyptiens deviennent curés et prélats de la fin du XIXe, une époque certes durant laquelle l’Eglise catholique ne brilla pas par sa tolérance. Mais le comble est atteint avec la mise en parallèle explicite du Ku Klux Klan avec sa croix enflammée et d’une eucharistie. Le débat sur le « mariage pour tous » n’est pas loin et la caricature tellement grossière qu’une bonne partie de la salle a réagi par une belle bronca. Aurait-on d’ailleurs osé attaquer de manière aussi caricaturale l’Islam dans une salle publique ?

 

18 Novembre

Bastiat

 

Mugron est un bourg du Sud des Landes, au cœur de la Chalosse, dominant la plaine de l’Adour. Sur la place fut érigé à la fin du XIXe siècle le buste de Frédéric Bastiat, éphémère député des Landes en 1848 et mort à Rome en exil en 1850 laissant une œuvre de polémiste et aussi d’économiste. Bastiat fut actif au moment des grandes controverses sur le libre échange, à l’époque où en Angleterre Richard Cobden se battait pour l’abolition des « Corn Laws », les lois qui protégeaient alors l’agriculture anglaise, en pleine révolution industrielle.

Economiste français le plus lu aux Etats-Unis, Bastiat a été bien vite oublié en France. On connait encore sa merveilleuse « Supplique des fabriquants de chandelles contre la concurrence du soleil » ; on le cite encore un peu mais on ne le lit plus guère.

Son buste trône sur cette place des Landes, un terroir aujourd’hui de gauche la plus radicale dont le député n’est autre qu’Henri Emmanueli, une région qui se bat face à la réforme de la Politique Agricole Commune et la menace de tant de directives européennes sur certaines de ses traditions, des corridas aux ortolans !

Bastiat était un républicain libéral, une espèce devenue bien rare dans une France aseptisée et plus personne ne fait aujourd’hui le pèlerinage de Mugron dans la bruine de cet automne landais.

 

 

20 Novembre

Réforme fiscale

 

Le « grand soir fiscal » ! Nous l’avons tous rêvé, imaginé même dans la simplification et la mise à plat d’une fiscalité française devenue incompréhensible et surtout injuste. Jean Marc Ayrault vient de l’annoncer et on se prend à n’y voir qu’une nouvelle manœuvre politicienne de la part d’un gouvernement aux abois.

L’idée est pourtant simple : au fil des ans la fiscalité française est devenue si complexe que seuls les fiscalistes les plus chevronnés s’y retrouvent. Chaque gouvernement a créé de nouveaux impôts dont ses successeurs ont peu à peu remis en cause la logique en créant niches et exemptions. De manière générale on a voulu faire de la fiscalité un outil de politique économique là où elle devrait être simplement un instrument juste, neutre et transparent de répartition des prélèvements pour financer les dépenses publiques. Le temps des demi-mesures est bien passé. Impôt sur le revenu, sur les sociétés, fiscalité locale, contributions sociales, impôts sur le capital, tout devrait être passé en revue sans tabou.

On imagine bien le courage politique que cela demande. Il n’est pas là question ni de commissions d’enquête, ni de concertation tant les intérêts en jeu sont inextricablement mêlés.

Le Prince doit trancher et en France il ne peut le faire que dans les quelques semaines qui suivent son élection, durant ces « cent jours » que ni Nicolas Sarkozy ni François Hollande n’ont su utiliser. C’est pourquoi il est bien difficile de croire en la subite conversion de Jean Marc Ayrault qui ne dispose plus de l’espace politique pour mener à bien pareille entreprise.

 

 

22 Novembre

Russie

 

Peu à peu, Vladimir Poutine parvient à ses fins, celles de reconstituer le glacis soviétique. Il faut dire qu’il y est aidé par le maintien des dynasties fondées par les derniers apparatchiks de l’époque communiste (Asie Centrale, Belarus) et par les ratés des quelques tentatives démocratiques (Ukraine, Géorgie). Au fond, de l’ex URSS, seules républiques baltes sont parvenues à se dégager grâce à l’Europe.

L’Europe est justement perdante en Ukraine au lendemain de l’annonce de la rupture des négociations entre l’UE et ce pays. Le gouvernement en place a clairement assumé son virage à l’Est assorti – on peut l’imaginer – de quelques douceurs russes à base notamment de gaz naturel. L’insistance – légitime – des européens sur le sort de l’ancienne premier ministre Iulia Timochenko n’a fait qu’accélérer un échec bien prévisible. Passé en effet le premier enthousiasme de la libération économique et politique, le système politique ukrainien s’est trouvé paralysé en proie à l’inefficience et à la corruption. Que Moscou apparaisse un meilleur recours que Bruxelles est au fond – au moins à court terme – bien naturel. Au même moment, Vladimir Poutine semble avoir réglé son contentieux avec le Belarus à propos de la potasse. Le patron d’Uralkali a pu quitter le pays où il était retenu, avec à la clef un changement « d’oligarque de contrôle » (Prokhorov à la place de Kerimov). Les marches de l’Ouest se trouvent ainsi sécurisées. Ce sera bientôt le cas de la Géorgie. L’URSS renait de ses cendres.

 

 

24 Novembre

Iran / Climat

 

Deux accords : l’un porteur de promesses et d’interrogations, l’autre bien pitoyable et vecteur de déceptions : Genève et Varsovie.

A Genève, la page du conflit sur le nucléaire iranien a donc commencé à être tournée. Le compromis est subtil, ne porte que sur le court terme et n’apporte peut-être pas toutes les garanties espérées. Mais il y a un accord ! D’un côté comme de l’autre les faucons ont perdu la main et ceci est particulièrement important pour l’Iran qui trouve ainsi une porte de sortie honorable dans une situation d’impasse. Bien sûr il est trop tôt pour crier victoire tant la capacité de nuisance de l’Iran dépasse – comme on le voit en Syrie et au Liban – le seul dossier nucléaire, tant aussi la normalisation économique du pays apparait longue et difficile. Mais cet accord est un premier pas.

A Varsovie par contre on a reculé et pour une fois on peut comprendre la réaction des ONG qui ont claqué la porte des négociations sur le changement climatique. Chaque année en un nouvel endroit de la planète (bravo pour l’empreinte carbone de ces sommets) c’est un peu le même scénario : les promesses ne sont pas tenues, les engagements diminuent à vue d’œil. Le seul accord porte sur la conférence suivante : Lima en 2014, Paris en 2015 … Il y eut un soir, il y eut un matin, il y aura d’autres conférences.

L’ atome et le climat sont pourtant deux faces d’une même réalité : l’avenir de nos enfants.

 

 

30 Novembre

Chômage

 

Les chiffres du chômage publiés hier sont un peu meilleurs. Certes la légère baisse est directement liée aux emplois aidés et le « vrai » secteur marchand continue à détruire des emplois. Mais en ces temps de disette où la scène est occupée par les mécontents les plus divers, des bonnets rouges au front de gauche en passant par « la marche pour tous », il était logique que le Président de la République en fasse un objet de communication… ratée du fait de la difficile exégèse d’une phrase encore plus sibylline et chargée de double sens qu’à l’habitude.

Ces dans ces moments de crise que l’on comprend la profonde ambigüité du système institutionnel français. A Matignon, le Premier Ministre est théoriquement en charge des opérations et gère la France au quotidien. A l’Elysée, le Président donne des impulsions, gère assez souvent un contre pouvoir, entretient ses propres réseaux, consulte et –in fine – décrédibilise Matignon. François Hollande avait promis de ne pas gouverner comme Nicolas Sarkozy et pourtant c’est bien ce qu’il fait en rajoutant sa propre dose d’ambigüité. Disons le tout net : avec un quinquennat calé sur le calendrier des législatives, le Premier Ministre n’a plus de raison d’être. C’est au Président d’assumer toutes les responsabilités plutôt que de tirer les ficelles de marionnettes auxquelles il donne l’illusion de la vie … ou de la mort … politique.